À l’occasion de la commémoration du 11-Novembre, des lycéens de première et de terminale de Vaugelas à Chambéry, accompagnés par le général Bernard Ratel, ont préparé des textes sur Jean-Moulin, qui seront lus lors des cérémonies au Clos Savoiroux et à Bissy.

Des élèves de première et de terminale du lycée Vaugelas de Chambéry ont répondu à l’invitation d’un collectif d’associations patriotiques. Deux textes de leur composition seront lus aux cérémonies du 11-Novembre au Clos Savoiroux et à Bissy.

En juillet dernier, la conférence de Jean Olivier Viout sur Jean Moulin, à l’occasion du 80e anniversaire de sa mort, a fait salle comble à Chambéry. Mais elle a aussi résonné comme un déclic auprès des membres du Souvenir français, de l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Savoie, de l’association des membres de l’Ordre national du Mérite et de la Société des membres de la Légion d’honneur. « Il y avait beaucoup de têtes blanches, alors que la jeunesse était en première ligne. La résistance, le refus du STO (Service du travail obligatoire), tout ça a été conduit par des jeunes. À commencer par la mobilisation des étudiants à l’Arc de Triomphe le 11 novembre 1940 », résume le général Bernard Ratel, président de la Société des membres de la Légion d’Honneur.

En point d’orgue d’une année consacrée à Jean Moulin, le collectif d’associations a souhaité sensibiliser la jeunesse du département autour d’une date symbolique, le11-Novembre.
« D’autant que la célébration du 11 novembre 1943 fut un moment essentiel pour la Résistance française, regroupée autour de Jean Moulin et du CNR (Conseil national de la Résistance) quelques mois plus tôt ». Malgré l’interdiction des autorités, les manifestations furent nombreuses : défilé des 200 maquisards d’Oyonnax, rassemblement de 2 000 personnes devant le monument des Diables bleus à Grenoble (370 déportés, une centaine de survivants seulement...).

Nos élèves ont soif de cette mémoire et c’est aux adultes de les aider à la faire vivre Claude Desbos, proviseur du lycée Vaugelas de Chambéry.

Outre le texte, transmis par l’Office national des anciens combattants à toutes les communes, pour être lu lors des cérémonies commémoratives, chaque lycée, via le directeur académique, François Coux, a été sollicité. Dans l’optique d’associer travail historique et devoir de mémoire. Au lycée Vaugelas à Chambéry, l’initiative a tout de suite trouvé écho. « Ce sont des valeurs qui me sont chères et qui sont chères à notre institution, ce sont celles de la République », explique le proviseur Claude Desbos. « Nos élèves ont soif de cette mémoire, et c’est aux adultes de les aider à la faire vivre ».

Des élèves de première et de terminale de différentes sections, tous volontaires, ont travaillé de leur propre initiative à l’élaboration de deux textes. « Leurs textes reflètent l’Histoire et la vision qu’ils en ont. C’est important pour l’avenir », reconnaît le général Ratel, qui n’a eu que très peu de corrections à apporter. « Pour nous, Jean Moulin, ce n’est pas que le plus jeune sous-préfet de France, il a des liens avec la Savoie », souligne Briac Josseaume, un des moteurs du groupe de lycéens.

« Il a su donner la force et la passion de la Résistance à de nombreux jeunes Savoyards, dont Pierre Dumas et Pierre Desroches, élèves du lycée, qui dès septembre 1940, à peine âgés de 18 ans, mirent sur pied le premier réseau de résistance en Savoie », ajoute le proviseur. Tous deux fondateurs de la section de Savoie des Combattants volontaires de la Résistance, dont le drapeau a été confié au lycée par le Souvenir français, il y a plus de deux ans, selon les volontés de la famille du colonel Desroches. Parce ce que c’est « là, où tout a commencé pour ces jeunes Résistants ». « C’est symbolique, tout comme s’être aussi vu confier le drapeau des fils et filles des morts pour la France, dont certains ont été élèves à Vaugelas », insiste Claude Desbos. « Les élèves sont fiers de porter les valeurs de nos anciens, et toujours volontaires et présents aux cérémonies ».

Devant le couloir mémorial, érigé depuis 1885 et rendant hommage aux élèves tombés pour la France (les premiers noms datent de 1870, moins de dix ans après le rattachement à la France), Briac Josseaume, premier prix académique du Concours national de la Résistance et de la déportation, explique aussi cette filiation au devoir de mémoire par l’implication de Mme André, enseignante d’histoire, qui propose des élèves au concours chaque année : 70 en 2022, 35 en 2023, avec de nombreux prix à la clef. « Ça ne nous a pas trop mal réussis, notre texte n’a pas l’air si mauvais ».

Lors des cérémonies au clos Savoiroux et à Bissy, ce 11- Novembre, ils les liront, encadrés par leurs deux porte-drapeaux, Thimotée Blanc et Pierre- Antoine Tichadou.

Avec l’aimable autorisation de Jean-François Casanova

Photos : Tom Pham Van Suu